Je vous partage une histoire aujourd’hui…

C’est l’histoire d’un homme, a priori ordinaire, mais finalement, pas si ordinaire que cela !

Cet homme n’est ni célèbre, ni millionaire, il n’a rien inventé, ce n’est pas un grand entrepreneur, ce n’est pas un grand artiste… Non, rien de tout cela.
C’est un homme de la vie de tous les jours !

À l’aube de ces 17 ans, à cause de la crise économique qui sévit sur son île de la Caraïbe, la Martinique, il atterrit en France métropolitaine.
Déracinement total ! Il n’a pas choisi. C’est sa mère qui a estimé que c’était lui donner la possibilité de vivre un avenir meilleur.
Sur son territoire natal pourtant, il était comme un poisson dans l’eau.
Il aidait son père, transporteur et entrepreneur, en conduisant les camions depuis l’âge de 12 ans. Pour lui, c’était clair qu’il reprendrait l’affaire, serait transporteur à son tour, libre sur les routes, entrepreneur.

Et pourtant, à presque 17 ans, il arrive un 28 août 1972 dans un village de la Drôme avec son frère d’un an son aîné, sans parents, sans leurs autres frères et soeurs, sans camions, avec pour seul soutien familial, une tante qui habite Paris.
Le billet coûtant trop cher pour remonter tous les week-ends, ce sera le pensionnat pendant un an !

Dépaysement !
Le froid, les espaces réduits, le train, le métro parisien, une culture différente et l’obligation de s’adapter dans un village où il n’y a que deux noirs : lui et son frère.

Les deux s’accrochent. Ce sont des battants. Ils ont acquis de leur père et de leur mère des valeurs fortes de travail et d’accomplissement.
Le grand frère deviendra pilote d’avion et vivra au Canada.

Lui, ne termine pas ses études, monte à Paris, se fait embaucher dans la fonction publique, rencontre celle qui sera sa future femme, se marie, puis devient papa. Une première fois en 1980, puis une deuxième en 1984.

La vie de famille est réglée comme du papier à musique. Mais lui n’est pas du genre à se contenter.
Pour monter les échelons, il reprend ses études en cours du soir, après sa journée de travail, soutenu par sa femme qui elle aussi travaille et s’occupe des enfants.
Il passera ainsi son bac et son BTS.

Il n’y a pas d’âge…
Simplement de la volonté et de la persévérance.

Il gravit les échelons et obtient un meilleur salaire. Ceci dit, toujours dans la tranche moyenne.
1992. Un troisième enfant naît.

Puis un divorce.
Il quitte le domicile familial.
Déchirement.

Nuit noire.

Pendant 10 ans, il va se reconstruire.
Développement personnel, développement spirituel, découverte du milieu artistique, il commence la danse, puis les cours d’anglais, il s’intéresse aux méthodes alternatives, découvre le jeûne, le crudivorisme, il voyage, il fait des stages de CNV (Communication Non Violente) et autres techniques de développement personnel, il économise, il travaille, travaille et travaille encore, cumulant à son emploi de salarié des heures supplémentaires et autres jobs d’appoint ; et finit par se racheter un logement.

Il est là, présent et disponible pour ses enfants quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.

Les années passent. Et régulièrement, il retourne sur son île en tant que vacancier. Toujours très connecté et attaché à elle, avec parfois cette question en suspens : quelle serait ma vie si j’étais resté ?
D’un autre côté, il aime sa vie, est fier de ses enfants et est devenu un grand-père débordant d’amour pour ses petits-enfants.
Il reconnaît que d’avoir construit sa vie et sa famille dans un pays aussi grand que la France offre plus de champ des possibles que sur une île.
Toutes ces années, c’est une double culture qu’il a développé.

Fast forward….

Petit à petit, à mesure que ses 4 enfants deviennent adultes et autonomes, une idée germe dans son esprit. “Et si je retournais là-bas ?”

Fin 2017, les enfants sont grands. Dans 1 an c’est la retraite.
“C’est décidé !
J’ai toujours demandé et obtenu ce que je voulais parce que je le décidais ! Je passe à l’action !”

Alors après 40 ans de travail en tant que salarié dans cette grosse entreprise, il part à la retraite, vend son appartement, et retourne sur l’île qu’il a quittée depuis 47 ans pour se construire une maison et profiter de la dernière partie de sa vie.
Son nouveau projet : cultiver des plantes médicinales.

Il n’y a pas d’âge…

À 64 ans, il décide de quitter son pays, là où il a vécu la plus grande partie de sa vie, ses 4 enfants, ses 2 petits-enfants qu’il chérit tant, ses habitudes, ses loisirs, ses amis, sa famille, pour revenir dans son pays natal et recréer une vie. Pas simple. Pas évident. Mais tout à fait réalisable.
Il a fait ce choix, il est passé à l’action.
Pour lui, c’est une continuité, et “tout est possible si l’on se donne les moyens”.

Déracinement. Encore.

Il part à l’inconnu. Ne sait pas ce qu’il va se passer mais sait qu’il a les ressources nécessaires pour créer sa vie.

Cet homme ordinaire est en réalité un homme d’exception.
Il en existe partout autour de nous, plus ou moins proche. Nous les croisons tous les jours au détour d’une rue, nous parlons avec eux sans même nous rendre compte de l’intensité et de la profondeur de leur vie.

Cet homme m’a appris la persévérance, le travail, l’intégrité, le goût de l’apprentissage et de la recherche, le goût de la liberté, la résilience, le courage, la notion de responsabilité, la confiance en la vie et la confiance en soi….

Cet homme c’est mon père.
Et je lui souhaite un bon retour et une belle vie.

Ce qu’il m’apprend c’est que je ne peux pas me cacher derrière des excuses, ni hier, ni aujourd’hui à 34 ans, ni demain, à 64 ans.
Que la vie est un cycle durant lequel nous nous recréons à chaque instant. Nous avons plusieurs vies dans une vie.
Que je suis responsable de ce qu’il m’arrive et que si je le veux vraiment, c’est possible.

Il n’y a pas d’âge pour changer de vie.

Merci Papa.

Christine

P.S : Mon père est parti aujourd’hui. Je suis triste et heureuse à la fois. Je sais que je vais le revoir, mais 8000 km nous séparent désormais.
Je suis fière de lui. Je le soutiens à 1000%.
Je partage ce texte ici, pas spécialement dans le but de vous raconter sa vie. Mais surtout parce que je crois que son histoire pourrait inspirer autant qu’elle m’inspire.
Si vous êtes dans une période difficile, si vous avez la sensation d’avoir fait les mauvais choix, sachez que ce n’est jamais fini. Que demain sera différent.
Si vous avez peur d’un changement, sachez que c’est toujours possible parce qu’à mesure que nous avançons dans notre vie, nous connectons aux ressources nécessaires qui nous aident à avancer.
Si tout va bien en ce moment, profitez, continuer à avancer, savourez chaque instant…
Gardez en tête qu’il n’y pas d’âge !
(la photo a été prise en février 2017, autour d’un bubble tea, juste au moment où je démarrai ma nouvelle vie de solopreneur, en mode free living – vivre librement)

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