Ce texte n’a pas été simple à écrire. J’ai longtemps hésité. Retenu même. Je vous parle de racisme aujourd’hui. 

Je ne vais pas vous dire quoi faire pour lutter, ni ce que vous devez penser ou comment agir/réagir. Ce n’est pas l’angle que je choisis. 
Mais j’ai envie de vous faire une proposition (je vous en parle à la fin de ce texte) et de vous expliquer, comme je le fais souvent ici, d’où part cette proposition. 

(Temps de lecture : 11 min)

Vendredi, chez des amis, nous jouions à un jeu. Une série de questions plus ou moins intimes pour apprendre à nous connaître.
La question sur laquelle je suis tombée : si tu ne devais écouter qu’une seule chanson pour le reste de ta vie, ce serait… ?

La première qui m’est venue à l’esprit c’est : Man in the mirror de Michael Jackson. (Album Bad sorti en 1987).
Depuis plus de 30 ans, je suis touchée par le message de cette chanson qui dit en gros que si tu veux que le monde change autour de toi, ce changement commence par la personne que tu vois dans le miroir.

Complètement résonant avec l’actualité du moment.

Les infos sont nombreuses. Les débats aussi. J’ai eu besoin de temps pour réfléchir à mon positionnement, à comment agir et contribuer. Une chose est sûre, je n’ai pas envie de mettre mon énergie à essayer de convaincre d’autres personnes de penser comme moi, comme si je détenais une vérité universelle. 

Une autre chose est sûre, même si je me fiche de convaincre, j’ai envie de m’exprimer. C’est un besoin vital. C’est dire que j’existe, que ma voix compte, que je fais partie de ce monde. Et je n’ai pas envie de m’excuser de le faire. J’ai ma place. 

Mes recherches ont toujours été tournées vers le fait de mieux me connaître et de choisir ce que je veux faire, à titre individuel, qui correspond à ma vision du monde idéal. C’est ancré en moi. Expérimenter, m’écouter, m’exprimer, être en lien avec le monde (de l’intérieur vers l’extérieur) sont les chemins que j’emprunte. 

Ma vision du monde idéal, c’est un monde où chacun sait s’écouter et s’accepter suffisamment pour ensuite écouter et accepter l’autre.
C’est un monde rempli d’harmonie, d’amour, de liberté d’être, d’ouverture, d’accueil et de lien. Tout cela permettant la joie.

Bon, rentrons dans le sujet du moment.
Le Racisme.

Nous sommes tous concernés. Et les évènements actuels me font réfléchir à ma position. 

Jusqu’à récemment, je n’ai pas vraiment agi ouvertement. J’ai lancé 4 vidéos sur Youtube sur le thème : Être une femme noire en France, mais rien de plus.

Je crois que pendant tout ce temps, j’apprenais à gérer le racisme à l’intérieur. Ce sujet étant déjà pour moi très intense à « processer » à échelle individuelle.
Ma stratégie : jusqu’à récemment, faire en sorte d’aborder ma vie sans passer par le prisme du racisme.
Du coup, à chaque petite blessure, je me disais : « Non ! Si tu l intègres, si tu te laisses atteindre, tu vas les laisser gagner et ils auront raison en disant que tu n’es pas comme eux, que tu es différente (sous-entendu avec moins de valeur), que tu n’as pas ta place.”
Donc je me disais que mon rôle était de faire comme si tout le monde était uniforme. De voir les différences mais de faire comme s’il n’y en avait pas vraiment.

Nous sommes tous humains après tout.
(Ça se rapproche du color blindness ça ! Je vous laisse faire vos recherches sur ce mot si vous ne savez pas.)

Mais en fait, si au niveau de l’humanité nous sommes tous les mêmes, nous avons malgré tout des différences.
Tous les êtres vivants ne sont pas pareils. Il ne nous viendrait pas à l’idée de comparer une plante, un lion et un humain.
Les êtres humains ne sont pas pareils non plus.
Si nous prenons deux fruits du même arbre, ils auront beau se nommer de la même façon, avoir la même couleur, avoir poussé en même temps, être issus du même arbre, ils ne seront jamais les mêmes.
Alors pourquoi, vouloir gommer nos différences lorsqu’il s’agit d’êtres humains ?
On pourrait parler d’Unité d’un point de vue spirituel, mais n’oublions pas non plus que nous vivons dans une réalité où nous faisons l’expérience de la matière. Et à ce niveau, nous sommes uniques donc différents. 

Donc le color blindness ne m’intéresse pas !   

Entendons-nous bien ! Ma vision est toujours l’harmonie, l’être ensemble, l’amour. Et je continue de mettre mon énergie au service de ces valeurs. D’ailleurs, je m’engage encore et encore à transmuter ma colère, ma peur, ma peine et ma souffrance vers ces valeurs. 
Mais je ne peux plus faire “comme si”, en me disant simplement que tout le monde est pareil, ça ira.

Je ne peux plus ignorer les différences.
Car c’est en écoutant et en acceptant mes différences que j’accepterai celles des autres. C’est ce qui fait la beauté de ce monde : nos différences.
C’est là que je vais, vers l’acceptation de qui je suis, donc de l’autre et donc l’incarnation de ma vision.

Avoir une vision c’est cool ! Mais comment y contribuer ? Qu’est-ce que je décide de faire pour la réaliser ?
Je ne peux plus attendre que ce soit aux autres de bouger. Je ne veux/peux forcer personne ou convaincre personne d’adhérer à ma vision.
Ce que je veux/peux faire : y croire, agir, l’incarner et laisser faire.

Comment donc ?
Tout part de soi, tout est lié.
En continuant à m éduquer.
En m ouvrant au monde.
En observant.
En m’écoutant.
En m’exprimant.
En écoutant les autres.
Et en choisissant mes actions en fonction de qui je suis et de qui j’ai envie d’être. 

J’ai mis du temps à « processer » ce qu’il se passe en ce moment et les émotions par lesquelles je suis traversée. Elles sont nombreuses et mélangées.

Il y a quelques jours, une conversation m’a profondément touchée. Elle a été un « déclencheur ».
Justement à propos du colorblindess. Cette femme et moi n’étions pas du même avis. Avec respect, nous posions chacune nos visions. J’étais piquée, je voulais qu’elle comprenne mon point de vue. Mais j’avais suffisamment de recul pour me dire que chacune d’entre nous vivait selon sa perception, avait son prisme et que dans l’absolu nous étions chacune dans notre vérité. Pour moi, les vérités s’ajoutent. Elles ne s’opposent pas forcément. 

Mais la goutte d’eau, le “trigger” c’était lorsqu’une fois de plus, j’ai lu et entendu des phrases qui m’invitaient à me remettre en question moi, à ne pas prendre au sérieux ce que je ressentais, à en rire, à mettre de l’humour, à énumérer mes qualités pour passer outre, à faire attention à mes sources d’information, à noter que tout le monde souffre et ne pas tomber dans la séparation.
 Serait-ce donc encore à moi de me remettre en question lorsque ce sont les autres qui ont un problème avec ma couleur de peau ? 

Mon expérience suffit.
Si je souffre, je souffre. Ma souffrance est légitime. Point.
Quand je dis que je souffre, cela ne veut pas dire que je ne reconnais pas la souffrance des autres. Ce n’est pas une compétition, nul besoin de comparer ou de hiérarchiser.

Dire que je souffre ne veut pas dire que je n’entends pas celle des autres. Cela ne veut pas dire que je suis en lutte contre.
Ma souffrance est légitime. Et j’ai le droit de m’exprimer. J’ai le droit de la reconnaître et de l’exprimer.
Et mes ressentis et sentiments ne sont et ne seront jamais à remettre en question. Jamais. Il n’y a que moi qui sait ce que je vis dans mon corps, dans mon cœur, dans ma tête.

Aujourd’hui j’ai aussi besoin que ma souffrance et la souffrance des personnes racisées soit reconnue en France. 
Et si je ressers autour de mon expérience, j’ai aussi besoin que la souffrance des Noir.e.s soit reconnue à travers le monde. Pas qu’aux États-Unis. En France, aux Antilles et partout ailleurs.
Reconnue afin que cette souffrance soit transmutée. 
Reconnue sans qu’on nous dise qu’on en fait trop, qu’en parlant, nous restons bloqué.e.s dans nos mémoires. Que c’est à nous d’avancer.

Le racisme se produit encore aujourd’hui. 

J’ouvre une parenthèse.

Le chemin de la reconnaissance est long.
En France la loi Taubira qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’humanité n’est passé qu’en 2001 ! La traite négrière ayant été autorisée par Louis XIII en 1642 et l’esclavage aboli en 1848 ! Il a fallu donc 153 ans pour qu’un crime qui a duré 206 ans soit reconnu !

Autre exemple : pendant les manifs aux US des propriétaires d’une boutique se faisaient piller. Ils ont appelé la police pour arrêter les vandales. La police les a arrêtés eux. Pas les pilleurs, les propriétaires !
Qui étaient blancs ? Qui étaient noirs ?
La Police a arrêté les propriétaires noirs et a laissé les pilleurs blancs s’enfuir. 
Parce que dans leur réflexes et conditionnements, les Noirs sont forcément méchants et les Blancs sont forcément les gentils !!
Merci le white privilege !!!

Je ferme la parenthèse.

 

Donc je ne parle pas de rejet, de qui souffre le plus, de “tu souffres mais tout le monde souffre aussi ”, je parle de racisme systémique. Je parle d’un conditionnement qui est ancré dans nos têtes depuis des siècles. 

Nous avons tous une responsabilité individuelle de voir, de reconnaître à quel point nous sommes touchés à tous les niveaux. 

Je suis touchée. 

J’ai des biais issus de ce conditionnement aussi. 

Exemple : Lorsque je rentre tard le soir dans la rue, je vais me mettre en vigilance plus rapidement si je croise un Noir que si je croise un Blanc. Peut-être que c’est parce que la plupart des Noirs que j’ai vus dans les fictions à télé et au ciné étant enfant, étaient du côté des méchants, ou des fainéants, ou les comiques de services !
Quant à la représentation des femmes noires… ça mériterait un autre texte.

Donc des biais, j’en ai. On en a tous.
De savoir et de comprendre comment ils se sont créés est important pour moi. Mais c ‘est surtout de les transformer qui m’intéresse.

Vous savez, les 3 jours qui ont suivi cette conversation, j’ai ressenti la colère que j’avais enfouie depuis des années, la tristesse et la douleur. Surtout la douleur. Je sentais souvent mes larmes monter.

J’ai écrit un premier texte sur mon profil Facebook pour me libérer un peu.
Pas sur ma page pro. Pas dans ma newsletter, pas là où il serait visible par toutes les personnes qui me suivent et qui peuvent potentiellement acheter mes services. 

Parce que j’avais peur de rentrer dans des débats, d’être perçue comme celle qui “en fait trop”, de devoir encore justifier mes ressentis.
Je sentais que ce texte seul ne serait pas suffisant, mais j’avais besoin de digérer. 

Aujourd’hui je me sens suffisamment ancrée.
Alors aujourd’hui je vous écris ce texte.
Il ne part pas d’un espace de colère, de “lutte contre”, mais d’un élan du cœur, d’une envie de contribuer à transmuter le douleur en paix, joie, lien à soi et à l’autre.

Et je vais plus loin.

Mon talent c’est de créer des espaces où chacun peut s’exprimer, s écouter soi et donc écouter l’autre. 

Alors voici comment je choisis d’allier ma contribution à ma vision aujourd’hui. 
Je vais créer des discussions hebdomadaires Life Everywhere. Chaque mercredi à 20H. Sur Zoom. 
Et le thème de la prochaine discussion, ce sera le racisme. C’est quoi ? Comment le vit-on ? Comment le reconnait-on ? Que choisissons-nous de faire ? etc.

Les Discussions Life EVerywhere ne sont pas un accompagnement. Ni un débat. Ni une conférence.
Je me fiche de qui veut convaincre qui.

À mon sens, le point de départ est d’avoir l’espace pour s’exprimer, d être écouté.e et laisser l’espace à l’autre de s’exprimer et de l’écouter aussi. Chacun.e parle en “je”, vient pour lui/elle et repart avec ses propres déclics.

Je crois sincèrement que si chacun.e écoute vraiment, sans chercher à convaincre derrière et à dire “j’ai raison”, si chacun.e écoute à partir d’un espace d’empathie et de sympathie (dans le sens la capacité à se mettre à la place de l’autre sans forcément porter son fardeau mais juste de se mettre à la place de…), il y aura de l’espace pour l’ouverture du coeur.

Je crois que notre bonté intrinsèque. Je crois aussi que nous nous laissons souvent piloter par des croyances que nous cristallisons autour de nos peurs.
Si pendant un instant, nous parvenons à co-créer un espace suffisamment bienveillant dans lequel nous pouvons faire un pas de côté, alors peut-être pourrons-nous sortir de nos peurs et de nos besoins de nous protéger en rejetant ; peut-être commencerons-nous à vraiment écouter l’autre. 

À chacun ensuite de voir comment il souhaite transmuter ce qu’il recevra. 
Ça ne dépend plus de moi ensuite.

Donc voilà je vous propose Les Discussions Life Everywhere. 
Sur la base d’un cercle de parole de 2h où chacun.e a la possibilité de s’exprimer ET d’écouter. 
Dans ce cercle, que je faciliterai et animerai, je transmettrai aussi des clés pour pousser nos réflexions, pour aller au-delà de nos peurs, pour être plus en présence et moins en réaction, pour que chacun.e d entre nous décide ce qu’il/elle souhaite faire pour lui/elle-même et pour les autres, en étant guidé.e par l’empathie, la bienveillance. Et l’amour si je vais au bout de ce que je crois. 

Ce moment je le propose en participation libre et consciente. Vous participez et vous payez ce que vous voulez (soit à l’inscription en cliquant ici, soit à la fin de l’événement).
Et j’ai envie de proposer ces espaces tous les mercredis de 20h à 22h.

La première discussion aura lieu le 17 juin 2020 sur Zoom. Elle aura pour thème : le racisme systémique.

Sommes-nous prêt.e.s à faire bouger les choses en commençant par nous ?

Pour réserver votre place, cliquez ici.

Christine 

 

 

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